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Préambule

[A lire avant de raconter n’importe quoi 😬]

Quand on parle d’investissement, la notion de risque est importante.
Il en existe plein, les deux suivants sont à garder en tête :

  • La perte 📉
    C’est se retrouver dans une situation où on ne peut pas récupérer la totalité de l’argent investi.
  • La liquidité 🕰
    C’est se retrouver dans une situation où on ne peut pas récupérer l’argent investi avant un certain délai (de plusieurs jours à plusieurs années).

Avant de continuer, il faut être conscient que si l’on n’est pas prêt à supporter du risque de perte, il n’y a globalement aucun intérêt à placer son argent. On remplit son livret A, son livret de développement durable et on ouvre une assurance vie sur laquelle on place uniquement sur du fond euro. Finito 🙌

Ensuite, la notion d’horizon temporel est importante.
Investir, c’est placer son argent sur le moyen/long terme (de plusieurs mois à des dizaines d’années). Sur le court terme, il n’existe pas de solutions pour gagner beaucoup d’argent sans risque. Si quelqu’un tente de vous prouver l’inverse, il ment.

Maintenant qu’on est clair sur le fait qu’on peut perdre de l’argent investi et que dans tous les cas ça prendra du temps avant de gagner de l’argent, on peut continuer.

Que faire de son argent ?

[Autrement dit : quelle stratégie adopter ?]

La répartition

Imaginons une personne lambda qu’on appelle Archi.
Archi a 20k€ sur ses différents comptes et livrets.
Regardons différentes situations à horizon 5 ans :

  • Archi place ses 20k€ en achetant des actions Showroom Privé. En 5 ans, l’action passe de 19€ à 1€. S’il vend, Archi n’a plus que 1k€.
    Il a perdu 19k€.
  • Archi place ses 20k€ comme apport d’un appartement locatif à Saint Etienne. En 5 ans, les 20k€ ne valent plus que 13k€. S’il vend, Archi n’a plus que 13k€.
    Il a perdu 7k€.
  • Archi place 10k€ sur son livret A (0,5% d’intérêts par an) et 10k€ sur des actions Hertz. En 5 ans, l’action Hertz passe de 60€ à 1€. S’il vend ses actions, Archi ne récupère que 160€. Son livret A lui a rapporté 250€. Il a donc au total 10.7k€.
    Il a perdu 9.3k€.
  • Archi place 10k€ sur son livret A, 10k€ sur un ensemble d’actions (ETF world à 220€ par exemple, un indice représentant les 1600 plus grosses entreprises au monde). En 5 ans, la valeur de son ETF world passe à 200€. S’il vend ses ETF, Archi ne récupère que 9k€. Son livret A lui a rapporté 250€.
    Il a perdu 750€.
  • Archi place 10k€ sur son livret A, 10k€ sur une Société Civile de Placements Immobiliers diversifiée sur une multitude d’immeubles en Europe. En 5 ans, la valeur de ses parts de SCPI passe de 100€ à 80€. S’il vend ses parts, Archi récupère 8k€. Son livret A lui a rapporté 250€.
    Il a perdu 1.75k€.

Ces 5 situations sont représentatives d’un marché global en berne (typiquement quand on a de grosses crises bancaires comme en 2008, crises sanitaires comme en 2020 etc…).

Les situations 1- et 2- sont très risquées : tout miser sur un seul support d’investissement c’est risquer que l’entièreté de l’argent investi disparaisse (que ce soit sur une action ou sur un seul bien immobilier).
La situation 3- montre qu’en diversifiant les supports d’investissement, on réduit le risque de perte.
Les situations 4- et 5- montrent qu’en diversifiant au sein même d’un support donné, on réduit drastiquement les pertes possibles. Toutes les actions et tout le marché immobilier ne vont pas s’effondrer.

Si comme Archi, on ne souhaite pas perdre tout ce qu’on a investi, il paraît assez clair qu’il faut diversifier : investir sur plusieurs supports et si possible diversifier aussi au sein de ces supports.

On ne va s’attarder dans la suite de ce doc que sur une stratégie pragmatique : puisque sans prendre de risques, on ne peut pas gagner beaucoup, alors ça signifie simplement qu’il faut trouver le niveau de risque avec lequel on est à l’aise.
Ce niveau, c’est à chacun de le définir. Certaines personnes vont être d’accord pour mettre la totalité de leurs investissements sur des supports risqués, d’autres préfèreront se limiter à un dixième. Les seules "bonnes pratiques" sont :

  • que plus on est jeune, plus on peut s’autoriser de prendre des risques (puisque l’horizon de placement est long et que s’il y a un problème il y aura le temps que ça remonte),
  • que plus les investissements qu’on fait représente une petite part du patrimoine total, plus on peut s’autoriser de prendre des risques,
  • qu’il faut garder au moins l’équivalent de 3 mois de dépenses sur des supports non risqués et liquides (pour les problèmes du quotidien).

L’épargne

Reprenons notre ami Archi. Il gagne 3k€/mois.
Regardons différentes situations à horizon 5 ans :

  • Archi met de côté 100€/mois et les place sur un ensemble de supports diversifiés (livret A, actions, etc…). Cet ensemble lui rapporte en moyenne 4% par an. Au bout des 5 ans, il a 6.7k€.
  • Archi préfère dépenser au Macumba. Au bout de 4 ans révolus, il se dit que ce ne serait peut-être pas si mal d’épargner un peu, et il commence à mettre de côté 500€/mois. Au bout des 5 ans, il a 6k€.

La différence de 700€ entre les situations 1- et 2- est ce qui va faire une grosse différence sur le long terme.

Si comme Archi, on veut sur le long terme faire fructifier son argent, eh bien il faut épargner tôt et régulièrement.

Maintenant qu’on est clair sur le fait qu’il faut mettre de l’argent de côté et le placer de façon diversifiée, on peut continuer sur les supports d’investissement.

Quels outils utiliser ?

Parlons d’abord des supports d’investissement dont le risque de perte en capital est nul. Il existe :

  • Livret A, limité à 22950€.
  • Livret Développement Durable et Solidaire, limité à 12000€.
  • Fonds euro logé dans une Assurance Vie, pas vraiment de limite.

Ces supports sont ceux pour lesquels si on place 1€, on est certain de récupérer au moins 1€ quand on voudra en sortir.
En terme de gains, les livrets A et LDDS offrent 0.5% par an. Les fonds euro sont entre 0.5 et 1.5% par an.

Comme dit précédemment, ces supports sont adaptés pour y mettre les 3 mois de dépenses en cas de coups durs.

Maintenant passons aux support risqués : il y en a une multitude :

  1. Assurance Vie
  2. Immobilier locatif en direct
  3. SCPI
  4. Plan d’Epargne en Actions
  5. Compte Titre Ordinaire
  6. Plan d’Epargne d’Entreprise

1- Assurance Vie

Ce que c’est

Le nom porte à confusion, ça n’a rien à voir avec une assurance.
C’est en gros une coquille dans laquelle on peut placer de l’argent investi sur différents supports appelés Unités de Compte (on abrège en UC). Cette coquille est géré par un assureur, c’est lui qui décide ce qu’il autorise comme UC.
Par exemple un contrat A chez l’assureur Toto va vous permettre d’investir dans des UCs d’actions X et des UCs de SCPI Y. Un contrat B chez le même assureur n’autorisera que les investissements sur les actions X mais aucune SCPI.
La plupart des contrats ont en plus des UCs un compartiment appelé Fonds Euro dont le capital investi est garanti : on ne peut pas perdre d’argent sur ce qui est investi dessus.

La gestion

Il existe deux types de gestion :

  • La gestion libre où vous faites ce que vous voulez (c’est-à-dire que c’est à vous de choisir sur quelles UCs vous investissez et quelle répartition vous faites entre UC et fonds euro).
  • La gestion pilotée où c’est un tiers qui fait tout ça à votre place.

Comment investir ?

La plupart des assureurs passent par des courtiers pour distribuer leurs contrats.
Quelques exemples d’assureurs : Generali, Suravenir, Apicil, Spirica...
Quelques exemples de courtiers : Linxea, Placement Direct, Yomoni, Nalo… et la plupart des banques (Boursorama, Fortuneo…).

Quels frais ?

Chaque assureur applique les frais qui lui font plaisir. Certains vont facturer le simple fait d’investir, d’autres le fait de retirer de l’argent investi, d’autres le fait de transférer de l’argent d’une UC à une autre, d’autres simplement des frais annuels de gestion.
Aujourd’hui il existe de nombreux contrats qui ne facturent que des frais de gestion. Ce sont ceux à privilégier !

Quels gains ?

Selon les contrats, les fonds euro vont servir entre 1,5 et 2,5% par an.
Pour les UCs, c’est très variable : de 3% pour des UCs d’immobilier à ⅚% pour des UCs pur actions (ça peut être bien plus ou bien moins selon les années).

Quelle fiscalité ?

En temps normal, en tant que résident fiscal français, on est imposé à 30% sur les plus-value de placements financiers.
L’assurance vie a plusieurs avantages :

  • lorsque le souscripteur meurt, les montants placés ne rentrent pas dans le calcul de frais de succession.
  • lorsqu’un contrat dépasse les 8 ans d’existence, on peut retirer jusqu’à 4600€ de plus value par an sans imposition. Si les retraits sont supérieurs à ce montant, ils sont bien moins imposés qu’avant les 8 ans : d’où l’importance d’ouvrir tôt des contrats.

En résumé

Quelque soit le montant qu’on veut investir, ça vaut le coup d’ouvrir au moins un contrat d’AV à faible frais.
Pour les contrats qu’on possède déjà, il faut regarder les frais appliqués. Il n’y a pas d’intérêt particulier à les fermer, il vaut mieux plutôt ouvrir de nouveaux contrats.
En terme de liquidité, l’argent est disponible sous 72h (quelques semaines pour les mauvais contrats).

2- Immobilier locatif en direct

Ce que c’est

C’est acheter un ou plusieurs biens immobiliers pour les louer.

Comment investir ?

Il faut trouver un bien, l’acheter, puis trouver un locataire.

Quels frais ?

Frais de notaire (2% du prix d’achat pour du neuf, ⅞% pour de l’ancien), taxe foncière, charges de copropriété, travaux éventuels...

Quels gains ?

Les meilleurs investissements servent 8%, la majorité vont plutôt servir ¾%.
Pour un gros rendement, il faut :

  • assez logiquement trouver un bien peu cher, mais qui se louera cher. Un bon ratio entre prix d’achat et loyer mensuel doit être autour de 200/250.
  • faire beaucoup de travaux qui pourront ensuite être déduits des impôts (« déficit foncier »).
  • gérer soi-même les locataires et la comptabilité.
  • emprunter un maximum : c’est contre intuitif mais pourtant très logique. L’immobilier locatif en soit n’a pas des taux annuels hyper intéressants. Un simple ETF world (UC action) dans une AV sera plus performant. Par contre l’immobilier est quelque chose qui peut se financer à crédit : au lieu de placer quelques euros, la banque permet d’investir beaucoup plus. C’est ce qu’on appelle l’effet de levier : j’ai 1€ à placer, la banque m’en prête 3. Ca me fait 4€ qui sont investis et me rapportent, au lieu d’1€ si je reste sur des investissements type AV.

Quelle fiscalité ?

Là c’est le farwest : ça peut aller du régime microfoncier (imposition au même titre que les revenus) à la société montée expressément pour ça. Dans tous les cas, il n’y a pas de miracle : les revenus locatifs sont imposés. Certains régimes comme le LMNP permettent de déduire des revenus imposés les travaux notamment, ce qui permet d’alléger un peu la charge fiscale.
Certains régimes comme le Pinel permettent de réduire fortement l’imposition sur les revenus. Cependant ils impliquent un plafonnement du loyer. Ce sont donc des régimes où il faut faire très très attention au calcul global : prix d’achat (souvent majoré par les promoteurs de Pinel) + loyers - réduction d’impôts. Il est extrêmement rare qu’un Pinel soit intéressant financièrement sur la durée.

En résumé

C’est un très bon moyen d’investir... si et uniquement si :

  • on a du temps, beaucoup de temps à investir dans la recherche des biens et leur gestion ensuite.
  • on a de la capacité d’emprunt. L’immobilier n’a que peu d’intérêt quand il n’est pas fait à crédit.

En terme de liquidité, ça va beaucoup dépendre du marché d’investissement. Si c’est un studio parisien, l’argent sera dispo sous ¾ mois, le temps de vendre le bien. Si c’est une maison en banlieue de Saint Etienne, l’argent peut ne jamais être disponible.

3- SCPI

Ce que c’est

Une SCPI (Société Civile de Placements Immobiliers) c’est une entreprise dont le rôle est d’investir dans de l’immobilier pour le compte de ses actionnaires. Là où un investisseur va acheter quelques biens, la SCPI permet grâce aux nombreux associés d’investir dans de multiples biens immobiliers et donc de limiter le risque de perte.

Comment investir ?

Il suffit d’acheter des parts de la SCPI pour en devenir actionnaire. Ensuite la SCPI reverse régulièrement aux porteurs de parts les gains qui leur sont dûs au titre des loyers qu’elle encaisse (les « dividendes »).

Quels frais ?

C’est là que le bât blesse : pour faire fonctionner la SCPI (trouver des biens, gérer les locataires etc…), les gérants de celle-ci prennent des frais qui peuvent être élevés.
Au moment de l’achat de part, il y a :

  • un délai avant de toucher des dividendes : il faut quelques mois avant que l’argent investi dans la SCPI soit lui-même investi dans des biens immobiliers, donc selon les SCPI il faut attendre 6 mois avant de toucher ses premiers dividendes.
  • des frais d’entrée qui font que les SCPI sont un investissement de long terme. Si on achète des parts et qu’on les revend de suite, les frais d’entrée sont perdus !

Quels gains ?

En moyenne, les SCPI servent 4%. Le top du marché est à un peu plus de 6%.
Les SCPI qui performent le mieux sont celles qui sont le plus diversifiées : diversification des secteurs (hôtels, bureaux, commerces, santé…) et diversification des pays.

Quelle fiscalité ?

Globalement la même que pour de l’immobilier en direct.

En résumé

Les SCPI permettent d’investir dans de l’immobilier sans le temps perso nécessaire comme pour du locatif en direct et elles sont finançables à crédit.
En contrepartie, l’espérance de gain est moins forte.
En terme de liquidité, c’est globalement plus rapide de vendre des parts qu’un actif immobilier mais ça reste dépendant de la société de gestion de la SCPI.

4- Plan d’Epargne en Actions

Ce que c’est

C’est une enveloppe qui permet d’investir dans des actions (ou des indices d’actions) européennes.

Comment investir ?

Il faut ouvrir un PEA auprès d’un courtier, y déposer de l’argent dans ce qu’on appelle la poche espèce et ensuite on peut acheter des actions avec l’argent de la poche espèces.
Quelques exemples : BourseDirect, Binck...

Quels frais ?

Ca dépend du broker : certains ne facturent qu’un pourcentage faible de chaque ordre d’achat/vente passé alors que d’autres vont facturer en plus des frais annuels.

Quels gains ?

Là c’est le farwest :)
Certaines actions peuvent prendre 50% en une journée, d’autres faire -80%.
Globalement et en moyenne, le marché actions fait +⅚% par an (c’est ce que fait un ETF world qui est un indice d’actions représentant les 1600 plus grosses sociétés côtées).

Quelle fiscalité ?

Les plus value sont après 5 ans exonérées d’impôts sur le revenu.
Dans tous les cas et comme pour les gains d’AV, les prélèvements sociaux de 17.2% s’appliquent sur les plus value.

En résumé

Le PEA est idéal pour investir de façon risquée sur des actions ou des indices (ETF). Comme la fiscalité s’adoucit au bout de 5 ans, il ne faut pas hésiter à en ouvrir un assez tôt.
En terme de liquidité, on est soumis au marché : si quelqu’un est acheteur de ce qu’on vend, c’est immédiat !

5- Compte Titres Ordinaire

Ce que c’est

C’est comme le PEA mais sans la limite européenne : on peut loger dans un CTO n’importe quelle action.

Comment investir ?

Un CTO s’ouvre auprès d’un courtier, tout comme le PEA.
Quelques exemples : BourseDirect, Binck, Degiro...

Quels frais ?

Comme pour le PEA, le CTO peut être soumis à un certain nombre de frais selon chez qui il est ouvert.

Quels gains ?

Vers l’infini et au-delà...ou rien du tout. Tout est possible sur le marché actions mondial.

Quelle fiscalité ?

Chaque transaction est fiscalisée : les plus value sont imposées à 30% (prélèvements sociaux + impôts sur le revenu = ce qu’on appelle la « flat tax »).

En résumé

Idéal quand on veut investir hors Europe.
Même liquidité que le PEA.

6- Plan d’Epargne d’Entreprise

Ce que c’est

Un PEE c’est une enveloppe un peu comme une AV sauf qu’elle bénéficie de conditions fiscales particulières : l’argent investi ne peut pas être retiré avant 5 ans (sauf cas spécifique comme l’achat d’une résidence principale) et l’entreprise peut abonder, c’est-à-dire que lorsque l’employé investit 1 euro, l’entreprise peut aussi mettre 1 euro (ou moins, ou plus, dans le cadre de certaines limites). Cet argent n’est pas imposé comme un revenu, ce qui est un sacré avantage.

Comment investir ?

Là c’est au bon vouloir de l’employeur : si l’entreprise propose un PEE alors dans la majorité des cas il ne faut pas hésiter à en profiter. Si l’entreprise n’en propose pas, il n’y a malheureusement rien à faire.

Quels frais ?

Comme beaucoup de produits financiers, les frais vont dépendre de l’entreprise chez qui le PEE est ouvert. La plupart des PEE n’ont pas beaucoup (voire pas) de frais d’entrée, mais par contre ont des frais de garde annuels.

Quels gains ?

Sensiblement les mêmes possibilités qu’une AV : comme l’investissement dans un PEE se fait sur des UCs, certaines vont performer de façon très correcte, d’autres beaucoup moins.

Quelle fiscalité ?

Sans rentrer dans les détails précis, il faut payer les prélèvements sociaux (17.2%) sur les plus-value. Pas d’impôt sur le revenu par exemple.

En résumé

C’est une enveloppe dont il faut profiter, surtout si l’employeur abonde les investissements de l’employé.